L'Oiseau de Soleil by Wilbur Smith

L'Oiseau de Soleil by Wilbur Smith

Auteur:Wilbur Smith [Smith, Wilbur]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-09-06T04:00:00+00:00


Cette nuit-là, il me fut impossible de trouver le sommeil. Quand j’atteins un certain degré de tension nerveuse, je suis capable de rester deux ou trois jours de suite sans dormir, car je ne parviens pas à arrêter le tourbillon des pensées qui ne cessent d’assaillir mon cerveau surchauffé. Je n’avais pas l’intention d’espionner Sally. C’est par une pure coïncidence que je me tenais debout devant ma fenêtre, regardant le clair de lune, lorsqu’elle sortit de sa chambre.

Elle portait une longue robe de chambre claire, sur laquelle ses boucles noires, tombant jusqu’aux épaules, formaient une tache bien visible. Avant de quitter son pavillon, elle resta un instant sur le pas de la porte et regarda les parages pour s’assurer que tout le monde dormait dans le camp. Puis elle se hâta comme une coupable de traverser le terre-plein éclairé par la lune, marchant droit vers le pavillon où habitait Louren. Sans hésiter, elle ouvrit la porte, entra et la referma. Pour moi, une longue et déchirante veillée commença.

Deux heures durant, je restai à ma fenêtre, regardant les ombres projetées par la lune changer de forme à mesure que l’astre progressait dans le ciel constellé d’étoiles. Celles-ci avaient cette grosseur et cet éclat que favorise merveilleusement l’air doux et pur de la brousse africaine. Mais la splendeur d’une telle nuit ne pouvait m’émouvoir. Les yeux fixés sur la chambre de Louren, j’imaginais chaque mot murmuré, chaque attouchement, chaque mouvement, et je me haïssais autant que les deux amants. Je pensai à Hilary et aux enfants, me demandant quelle est cette démence qui pousse un homme à gâcher tout ce qu’il a de plus précieux pour quelques heures de plaisir passager. Dans cette chambre sonore, combien y avait-il, en cette nuit, de confidences trahies par ces deux êtres qui compromettaient avec insouciance le bonheur de leurs proches ?

Et puis, brusquement, je me rendis compte que je me trompais peut-être, en estimant que cette liaison avec Sally n’était pour Louren qu’un jeu, et j’en vins à me demander si cette passion n’avait pas un caractère plus sérieux, s’il n’envisageait pas de quitter Hilary pour épouser Sally. Une telle éventualité me parut intolérable et je me refusai à l’admettre. Incapable de continuer à attendre ainsi, je voulus chercher un dérivatif à ma peine et, m’étant vite rhabillé, je me rendis au bungalow central, dont le veilleur de nuit me salua d’un air somnolent. J’ouvris la porte de l’atelier, puis le coffre-fort contenant les « livres d’or », et j’en retirai le dernier. Je l’emportai dans mon bureau personnel, avec une bouteille de whisky : l’alcool et ces poèmes étaient mes deux anesthésiques…

Je déroulai au hasard la feuille d’or et relus l’ode que Huy avait composée à la gloire de sa hache, l’aile étincelante de l’oiseau de soleil. Quand j’eus achevé cette lecture, je me levai et, cédant à une impulsion irraisonnée, je décrochai de sa place d’honneur la plus belle pièce de notre collection, et la déposai sur ma table de travail. Une fois



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